Vivre à Rome n'était pas une chose simple. Dans cette cité qui était à l'heure actuelle le centre du monde une seule chose prévalait : ne jamais se montrer sous son jour véritable. Personne ne devait jamais savoir qui l'on était vraiment, sans cela on signait son arrêt de mort. C'est quand vos ennemis connaissent vos points faibles qu'ils peuvent alors vous abattre. Il faut porter un masque continuellement, faire croire, mentir, paraître. Ce sont les seuls moyens de s'en sortir. Ne jamais dire ce que l'on pense vraiment, ou alors tout dépend à qui. Dans ce monde on ne peut compter que sur une seule personne : soi même.

Antigone était dans ses appartements, installée à sa table elle rédigeait une lettre pour son frère qui vivait toujours à Rhodes en Grèce. Depuis qu'elle avait quittée son pays natal avec son mari, elle n'avait jamais revu sa famille. Elle avait appris la mort de son père il y a maintenant deux ans mais elle n'avait jamais voulue faire le déplacement, pas pour lui. De toute son existence jamais son père ne lui avait adressé un mot gentil, ou même un regard où il n'y avait aucune haine. Elle n'avait ressentie aucune tristesse à l'annonce de la mort de celui qui l'avait vendue comme on vend un animal. Jamais elle ne lui pardonnerais. Elle avait espérée que son père meurt bien avant et que son frère devienne chef de famille, lui l'aurait laissée épouser celui qu'elle aurait aimée. Non, son père l'avait marié à un politicien romain, Maximus Ephanis. La jeune Antigone n'avait jamais aimé son époux, il lui était indifférent. Il était puissant et riche, cela lui suffisait pour faire ce qu'elle souhait. Grâce à sa renommé elle était reçue partout à Rome. Elle ne devait pas tout à son époux. La jeune femme était une vraie beauté, divine les hommes se retournaient sur son passage. En plus d'être dotée d'un physique hors du commun la jeune déesse était aussi une femme intelligente. Dotée d'un esprit vif et malin, elle savait rendre attrayante n'importe quelle conversations et elle savait attirer l'attention. Derrière ce visage angélique se cachait un caractère fort et tempétueux.

Ce soir il y avait une fête organisée par un Sénateur. Rien que du beau monde, enfin toujours les mêmes visages. Antigone se souvenait que l'épouse de ce Sénateur n'était pas beaucoup plus âgé qu'elle. Antigone ne manquerait pas à son devoir, elle accompagnerait son époux et tous seront jaloux de lui quand il la verront à son bras. Si seulement il savait qu'elle ne perdait pas tout ce temps à se faire belle pour lui. Ce soir il y aurait certains de ses amants, certains qu'elle ne voyait plus mais qui n'abandonnaient pas, d'autres à qui elle n'avait jamais cédée, ce beau militaire qu'elle voyait depuis quelque temps et surtout il y aurait l'Empereur, Niklaus. Cela faisait presque cinq ans qu'il se connaissaient. Rencontrés lors d'une fête en l'honneur de la prise de pouvoir de l’Empereur. Ils s'étaient tout de suite entendus. Elle avait été séduite par cet homme au physique plus qu'attirant et par son caractère. Il avait un véritable charisme, lorsqu'il apparaissait tous les regards étaient vrillés sur lui. Leur relation était passionnelle, charnelle. Sous mains elle était une autre femme, sous ses baisers elle frémissait.

La nuit tombait sur Rome, le soleil finissait à peine sa course que la lune prenait déjà se place. Antigone était prête et comme toujours elle irradiait. Elle portait une robe violette, une de ses épaules étaient découvertes. Ses longs cheveux étaient tirés en arrière, retenus par une broche. Elle avait un gros bracelet en or autour du poignet droit et un imposant collier en pierre autour de son cou. Cadeaux de son mari qui malgré les sentiments de la jeune femme semblait l'aimer. La fête n'était pas très loin de leur maison. Entourés de garde ils partirent à pied jusqu'à la maison du Sénateur. En chemin Maximus leva les yeux vers sa femme. « Vous êtes divine ce soir douce Antigone. » Un sourire illumina son visage, si seulement il savait. Maximus avait des soupçons, il se doutait que sa femme n'était pas fidèle. Il aimait croire que non, qu'il se faisait des histoires mais non. C'était bien vrai, il gardait le silence pour le moment mais un jour viendra où il aura des preuves ce jour là...

Il y avait du monde ce soir-là, la cour extérieure était remplie de monde. Il y avait de quoi manger pour un régiment entier et à boire pour une armée. Antigone un verre de vin à la main marchait, quand elle aperçue son beau militaire. Elle sourit et s'approcha. Il prit sa main et posa un tendre baiser. « Dame Antigone, vous rayonnez ce soir. » la jeune femme brisa la distance entre eux et murmura à l'oreille de son chevalier. « Je suis une femme mariée ce soir. » Un dernier contact et elle s'échappe. Laissant son soupirant dans le vent encore sous l'emprise de la belle Antigone. Faire tourner les têtes, son jeu favori.

Alors qu'elle passait dans une allée un peu plus loin de la foule, elle sent une main sur sa hanche, un souffle dans son cou. Elle frissonne. Elle connait ce contact, elle le reconnaitrait entre mille. Elle soupire. « Mon Empereur ici ? Quelle coïncidence. » Elle reste dos à lui, profitant de ce doux contact. Soudainement elle se détache son mari arrivant. Heureusement il se fait accoster par la dame des lieux et change immédiatement de direction. Antigone souffle, rassurée. Elle reste collée à son amant, attendant qu'il dise quelque chose.

Ah l'immortalité ! Que cela pouvait être long, surtout si on la passait en mauvaise compagnie. Pour sa part Niklaus essayait de jouir de tous les petits plaisirs simples de la vie et ce le plus souvent possible. Ainsi, même s'il était lasse depuis seulement cinq ans de ces fêtes mondaines où tout le gratin de la Cité se réunissait, souvent en l'honneur de la famille impériale en plus, l'Originel avait su trouver de parfaits compromis à sa présence. Lesquels ? Ce n'était sûrement pas en tous cas le vin ou la multitude de nourriture diverses et variées, mais plutôt les individus – humains ou pas – présents à ces moments là, en particulier en ce qui concerne la gente féminine. En effet, bien que marié à la plus belle des femmes, Niklaus se refusait à lui ouvrir son coeur car ne voulant refaire surgir les fantômes de son passé. Par bien des égards donc, il préférait offrir son corps à bon nombre de patriciennes conviés à ces fêtes. Ce n'était pas rare qu'il s'adonne aux plaisirs charnels avec l'une d'entre elles alors même la soirée la musique battait son plein dans la pièce d'à côté. Il avait même une fois osé honoré si on put dire la femme de leur hôte. Mais quelle femme ! Le vampire s'en souvenait comme si c'était hier. A cet instant précis il n'avait eu de yeux que pour elle, trouvant en sa compagnie une conversation piquante et tellement inhabituelle pour une personne de son rang. Il n'avait guère fallut de temps pour que la brunette avec ses yeux d'un bleu pétillant réussisse à mettre l'Empereur dans son lit. Une initiative qui avait su attiser la curiosité et l'envie du romain. En bref, la jeune femme avait tout compris.

Ce soir là Niklaus pourrait une nouvelle fois revoir cette tentatrice avec qui il avait énormément sympathisé. Un homme politique influent de la Cité avait organisé pour son anniversaire un charmant dîner avec de nombreux invités et du vin coulant à flot. Rien de bien exceptionnel mais en tant que Empereur et donc membre de la famille impériale, les Juvenalis se devaient d'être présents, Niklaus y compris donc. Arborant une toge bleu foncé agrémentée d'un voile épais sur l'épaule gauche aux mêmes tons entre-passé de grosses rayures pourpres, L'Originel resplendissait comme toujours. Il aurait pu être vêtu comme un simple plébéien que son charisme aurait suffit à le faire rayonner parmi cette foule d'hypocrites et de cupides sans nom.

Une fois arrivée dans la demeure de celui qui l'avait invité, Niklaus n'eut même pas le temps d'observer la foule, car déjà l'hôte des lieux se jeta littéralement sur les deux empereurs. « Elijah, Niklaus … c'est un honneur de vous recevoir vous et votre famille dans mon humble résidence », dit-il en se penchant légèrement vers l'avant pour les saluer en signe de respect. « Tout l'honneur est pour nous », répondit l'aîné avec son ton solennel habituel. « Le plaisir est partagé », rétorqua de suite après le second frère. Mais déjà ce dernier avait posé son regard au fond de la pièce, là où se trouvait une sublime connaissance. Laissant apparaître un léger sourire sur ses lèvres rosées, le romain ne laissa même pas le temps au politicien de reprendre son discours de bienvenue. Posant une main sur son épaule, ses yeux convaincants s'opposèrent au sien. « Si tu veux bien m'excuser Sénateur ... ». Un dernier coup d'oeil en direction d'Elijah et déjà Niklaus s'enfoncer parmi la foule, la plupart d'entre eux le saluant au passage. Mais à cet instant précis celui-ci n'avait que de yeux pour une seule et même personne. La tigresse comme il se plaisait à la nommer ou tout simplement la piquante Antigone. De dos, il s'approcha d'elle avec l'aisance d'un faucon fondant sur sa proie et le silence d'un fauve. A sa hauteur il entoura discrètement ses hanches de ses mains et laissa sa bouche pratiquement caresser son cou dénudé. « Mon Empereur ici ? Quelle coïncidence. ». Le vampire étouffa un rire face à sa remarque. Il n'y avait rien d'exceptionnel à ce que le Juvenalis se trouve ici, toujours présent lors de ce genre de soirées. Mais alors qu'il était sur le point de lui répondre, il sentit la grecque se crispait et observer quelqu'un. L'individu en question n'était autre que son mari, homme dont se moquer éperdument l'Empereur. De toute manière ce sénateur ne serait pas un problème pour tout de suite puisque l'hôtesse des lieux le stoppa en plein élan pour l'aborder. Une chance pour lui. Reprenant où il en était, Niklaus murmura alors sensuellement dans le creux de l'oreille d'Antigone : « Allons tu sais bien que tu n'as pas à craindre la présence de ton époux, cela ne l'a pas dérangé la dernière fois ». Évidemment avec son pouvoir de persuasion l'Empereur pouvait manipuler l'esprit des mortels et autres vampires comme bon lui semblait. Un véritable jeu d'enfants pour lui.

Parfois je me disais que ma vie était un pur échec. Quand j'étais plus jeune je rêvais comme n'importe quelles petites filles de trouver mon prince charmant, de vraiment trouver l'amour. D'avoir une vie merveilleuse avec une belle maison et des enfants. Mais on dirait que les Dieux en ont décidés autrement pour moi, je suis visiblement destinée à un tout autre avenir. Je n'étais peut-être pas faite pour cette vie calme et respectable. A la place j'étais mariée à un homme influent de Rome que je n'aimais pas. Je devais passer le reste de mes jours avec lui. Quelle tragédie de ne pas pouvoir choisir la personne qui vous accompagnera jusqu’à la mort. D'un autre côté ma vie était assez confortable, j'avais de l'argent, une certaine notoriété. J'avais des amants tout le long du bras, je ne me plaignais pas. Mais il me manquait tout de même une chose, être aimée. Quelqu'un qui passerait du temps avec moi, qui prendrait soin de moi. Pas un amant fou de mon corps, un homme fou de moi, de celle que j'étais vraiment.

A Rome la société pouvait être très diversifié mais une fois que vous parveniez à côtoyer les plus hauts placés vous vous ennuyez réellement. Tous ces sénateurs sont sans intérêt, sans grand talents. Prêts à tout pour obtenir les faveurs des Empereurs. Leurs discours étaient toujours les mêmes, leurs femme insipides. Plusieurs d'entre elles ne m'aimaient guère, par jalousie ? Surement. Finalement mon frère avait eu raison, le meilleur moyen de monter dans le monde reste la politique. Une femme n'est pas sensée connaitre la politique et encore moins donner son avis. Depuis longtemps j'écoute tout ce qu'il se passe, les différents opinions, me forgeant le mien. Je revois encore la tête de mon époux lorsque j'ai ouvert la bouche et dit ce que je pensais. Comment une femme pouvait faire ca ?

Mais ce genre de soirées entourée de profiteur avait tout de même ces avantages. Ce genre d’événements avec comme un caractère officiel et la famille impériale se devait d'être présente. Du moins les Empereurs. Le seul point positif de la soirée: Niklaus. Empereur en plus d'être un dieu vivant , était doté d'un esprit vif. Nous étions sur la même longueur d'ondes. Et les soirées en sa compagnie étaient soudainement beaucoup plus attrayantes.

A l'écart, j'observais cette soirée. Toutes ces personnes semblaient si respectables, bien élevées. Mon dieu que leurs vies devaient être à mourir d'ennui ! Je soupirais quand je reconnus la personne dans mon dos, ses mains sur mes hanches. je souriais. Rassurée que mon époux est été écarté par la maîtresse de maison. Ses soupçons étaient bien la dernière chose dont j'avais besoin. Je crois bien que le pauvre avait des sentiments pour moi et qu'il ne voulait pas être cocu...Trop tard. S'il venait un jour à l'apprendre, je ne sais pas ce qu'il ferait. Je préférais ne pas y penser. Niklaus s'approcha encore un peu et murmura à mon oreille. « Allons tu sais bien que tu n'as pas à craindre la présence de ton époux, cela ne l'a pas dérangé la dernière fois ». Le sentir si près, sentir son souffle contre ma peau me donnait des frissons. Je souriais à ce qu'il venait de dire, c'était si simple pour lui de tout lui faire oublier. Ces derniers temps mes mensonges avaient de plus en plus de mal à être crédible. Je me tournais afin de lui faire face. Il était d'une telle beauté, j'en avais le souffle coupé. Je posais ma main sur son torse et levait les yeux vers lui. « Il devrait plutôt craindre que tu sois ici, avec moi. N'est ce pas ? Enfin si seulement il le savait » Je souriais amusée. Oui j'avais envie de jouer, entre nous il y avait cette tension, cette attirance mutuelle. Il ne voyait pas que la beauté en moi, il voyait aussi celle que j'étais avec mon esprit vif pour une femme de notre époque. Tous mes amants eux n'aiment que ma silhouette et mes grands yeux. Il me rendait vivante, pas aussi insipide que celle que j'étais en étant l'épouse d'un Sénateur.

Aux yeux de tous nous étions de parfait inconnus, les présentations officielles passées nous ne nous étions absolument jamais revus. Mon mari ignorait tout, pauvre imbécile et sa famille aussi je crois. Dans l'obscurité où nous nous trouvions personne ne viendrait nous perturber. Face à lui, une main sur son corps si parfait mon regard noyé dans ses yeux perçants, j'étais une femme différente. Je souriais d'humeur taquine. « Tu ne passes pas un peu de bon temps en compagnie de tes chers Sénateurs ? Ils sont tellement heureux que tu les honores de ta présence. Mais peut-être as tu trouver meilleur occupation. » Je savais à quel point il détestaient tous ces hypocrites et leurs faux-semblants. Entre nous il n'y avait pas de mensonge, pas de masque. Je soupirais et me reculais, installant une distance dérangeante entre nous. Quelques mètres plus loin, un canapé. Je m'éloignais encore et me coucher gracieusement sous les yeux de mon Empereur. Espérant qu'il me rejoigne. Ma tenue laissait entrevoir mes jambes et une de mes épaules était découverte, laissant voir une partie de mon dos.