GAÏA EILWEN KOSTAS

« Gaïa, il faut que nous parlions. » La jeune femme planta ses grands yeux bruns dans ceux de son mari dont elle n'aurait su définir la couleur alors que la lumière blafarde des bougies ne l'aidait pas à y voir claire. Elle plissa les yeux et n'osa pas répondre. Elle se contenta d'être là et d'attendre. Elle était rarement muette mais bizarrement en compagnie de cet homme qu'elle était censée aimer, brusquement, elle ne possédait plus le don de la parole. « Je ne suis pas ... » Il semblait hésiter à lui confier ce qui le tracassait et elle n'était pas décidé à l'obliger à parler. S'il voulait lui dire quelque chose, il lui dirait, en attendant elle n'était pas prête de le forcer à parler en sachant qu'elle-même refusait d'ouvrir la bouche lorsqu'ils étaient seuls tous les deux. « Je vais aller me coucher, si vous tenez vraiment à me dire quelque chose, eh bien vous trouverez la force de le faire. » Et sur cette phrase très philosophique elle se retira dans sa chambre ... qu'elle ne partageait pas avec l'homme avec qui elle était censée être marié. Après qu'il est comprit qu'elle ne l'aimait pas et qu'il ne la toucherait pas avant qu'elle est confiance en lui et qu'elle soit amoureuse de lui, il avait décidé de la laisser prendre une chambre pour elle seule. Peu de gens était au courant que les deux époux faisaient chambre à part et, dans le cas où une personne restait dormir, Gaïa faisait l'effort de rejoindre le lit conjugal pour sauver les apparences.

Sauver les apparences, c'était la seule chose que Gaïa et son mari savait faire correctement. Oh, en présence de leur invités ils étaient les deux êtres les plus heureux et les plus amoureux du monde. Bien sûr, ils leur étaient interdit de se montrer familier l'un envers l'autre en présence d'autre personne et cela les arranger beaucoup. La seule chose qu'ils faisaient c'était échangé de temps à autre des regards complices et de s'effleurer pour le simple fait de savoir qu'on les avait vus le faire. Cependant, dès que les invités quittaient la demeure, les masques tombaient et ils redevenaient de parfaits inconnus. Se touchant et se parlant à peine. Cependant peut-être que cette fois là, Gaïa aurait dû laisser du temps à cet homme pour lui parler. Elle aurait peut-être fini par apprendre le vilain secret de son mari ...